HISTOIRE
La génération des années
60 : les hackers "old school"
Avant
que le terme de "hackers" ne naisse, il y avait les "vrais programmateurs"
(nous noterons que ce terme n'est apparu que dans las années 80). C'étaient
les précurseurs de la culture "hacker", et de la fin de la
deuxième guerre mondiale jusqu'aux année 70, ils représentaient
la culture technique dominante dans l'informatique.O n leur doit le développement
de l'informatique interactif et des réseaux. Une personnalité
comme celle de Stan Kelly-Bottle est issue de ce groupe de précurseurs.
Nous noterons que ce dernier avait programmé le Manchester Mark I, premier
ordinateur qui stockait les programmes de façon numérique, en
... 1948.
Cependant, on ne peut réellement parler de "hackers"
qu'à partir des années 60 et notamment de 1961, date à
lauelle le MIT (Institut de technologie du Massachussetts) a fait l'acquisition
du premier PDP-1.C'est, en effet, la culture informatique du MIT qui créa
le terme "hacker".
La création d'ARAPANET en 1969 eu également
des conséquences importantes concernant ce groupe de surdoués
de l'informatique. C'était le premier réseau d'ordinateurs transcontinental
et à haut débit.Il permit de réunir les hackers de tous
les Etats-Unis en un groupe critique. C'est de cette époue que datent
les premières listes de jargon (la première version du fichier
jargon date de 1973), les premières satires...
Jusque là,
nous étions dans une culture informatique du PDP-10. Mais, la montée
d'Unix, invention d'un hacker du nom de Ken Thompson, allait faire de l'ombre
à la tradition culturelle précédente.Unix a pu fonctionner
grâce à l'invention du langage "C" par Dennis Ritchie.
Les hackers en firent naturellement leur environnement de travail privilégié.
De plus, Unix présentait un avantage en possédant son propre protocole
réseau m&dash. De fait, les hackers constituaient un groupe en réseau
dans le réseau.
Le premier ordinateur personnel (1975) constitue une autre rupture pour notre groupe de hackers. Ceux qui s'en saisirent utilisèrent le langage BASIC.
Les années 80 ou la rivalité
des hackers
C'est cependant pendant
les années 80 que les hackers s'organisèrent en véritables
groupes de pression et commencèrent à faire connaître au
grand public leurs revendications libertaires pour l'informatique, d'une part,
et identaires, d'autre part. Mais, loin de n'agir que d'une seule voix, les
hackers appartiennent à divers groupes dont il nous a semblé pertinent
de parler.
La grande rivalité des années 80 opposait
les défenseurs du système Unix de Berkeley aux versions proposées
par la société AT&T. Plusieurs affiches du moment représentent
un vaisseau spatial de combat en forme de X, non sans nous rappeler la triologie
La guerre des étoiles, très prisée au sein des hackers,
fuyant une Etoile de la mort représentant AT&T.
Autre grande
rivalité des années 80 : celle qui opposa le LoD au MoD. Le LoD,
Legion of doom, fondé au début des années 80 était
tout d'abord dirigé par un informaticien expert en systèmes de
gestion de télécommunications COSMOS (Central system for Mainframe
operations) portant le pseudonyme de Lex Luthor.
Le LoD fut ensuite aux mains du texan Chris goggan (Eric
Bloodaxe) et de Schott Chasin. Le LoD tenait , parallèlement à
ces activités de hacking, un bulletin clandestin : le loD Technical Journal.
L'éthique de ce groupe, comme celle de l'ensemble des hackers qui se
revendiquent comme étant "purs", est de comprendre le fonctionnement
des machines qu'ils ne connaissent pas. Leur statut de criminels leur est donc
conféré par le fait qu'ils pénètrent illégalement
dans des systèmes informatiques plus que par la nature de leurs actions.
Le but de celles-ci n'étant que très rarement orienté vers
la nuisance. Toujours est-il qu'une guerre éclata entre LoD et MoD. Le
Lod était composé essentiellement de jeunes du Sud, alors que
le MoD ( Masters of Deception, Masters of Deceit, ou encore Masters of Destruction)
était new-yorkais. New-York eut raison de ses rivaux, notamment en s'offrant
le luxe de pirater la firme de sécurité informatique Comsec créée
par Goggan en 1991. Cela lui valut de dures représailles : le LoD livra
des preuves des activités illégales de piratage informatique du
MoD au FBI...
Certains ont vu dans cette querelle une vieille rivalité
Nord/Sud, d'autres une concurrence exacerbée d'experts...Il n'en demeure
pas moins qu'une bonne partie de ces jeunes gens, qui n'avaient pour la plupart
pas touché un sou de leurs activités, furent condamnés
à de sévères peines.
Autre groupe de hackers
typique de ces années 80 : les membres du Chaos Computer Club (CCC),
organisation allemande créée en 1981 qui dénombre aujourd'hui
plus d'un millier d'adhérents. Son fondateur, un certain Dr Wau (Herwart
Holland-Moritz de son vrai nom), a conduit le groupe vers un nombre impressionnant
d'activités de piratage. La première constituait, en 1984, en
un détournement de fonds de la banque Sparkasse: 100 000 DM en une nuit.
Mais l'argent est restitué dès le lendemain matin. En 1987, le
CCC s'en prend à la NASA. Les actions de ce groupe ont pour simple objectif
de faire prendre conscience aux utilisateurs informatiques de la fragilité
de leurs systèmes. Nous pourrions également ajouter le goût
du risque et du défi, la fierté qui émane d'une action
réussie...Quoi qu'il en soit le CCC, comme beaucoup de groupe de hackers
i se revendiquent comme authentiques, n'a pas le sentiment d'être une
nuisance pour la société. Bien au contraire, les hackers qualifiés
de "purs" s'érigent en "chevaliers blancs" menant
une croisade pour une meilleure connaissance de la machine au service de l'homme.
Peter Glaser, un membre du CCC, nous dit, de fait : "L'homme est au centre
d'intérêt du CCC et non la machine".
Les années 90 : "communautés
virtuelles" et hackers solitaires
Les
années 90 marquent un tournant dans la mesure où les groupes de
pression de hackers que l'on connaissait jusqu'à maintenant ont tendance
à s'institutionnaliser (et leurs leaders avec, par la même occasion),
alors que de nombreux cas de hacking en solitaire éclatent au grand jour
(nous noterons que ces derniers existaient déjà, mais étaient
peut-être moins médiatisés). Le cas du groupe EFF
nous paraît tout à faitt révélateur de la tendance
précédemment énoncée. The Electronic Frontier Foundation
fait partie de ces associations, ces groupes, ces "communautés virtuelles"
qui mènent une croisade pour préserver la liberté, la créativité
le bénévolat et le désordre qui caractérisent internet.
Ce groupe est né suite à l'arrestation infondée de Mitch
Kapor et Perry Barlow par le FBI( opération "Sundevil").Tous
deux décidèrent de créer un organisme charger de "civiliser
le cyberspace" et éviter que des hackers ne soient arrêtés
sans raison valable. Nous noterons que le nom du groupe n'a pas été
choisi par hasard, il fait référence à la conquête
de l'Ouest, élément fondateur et quasi mythologique des Etats-Unis.
Leur première victoire (l'acquittement de M. Graig Niedorf)
avait pour but d'établir une distinction entre les diverses formes de
hacking: exploit gratuit ou escroquerie et vandalisme. EFF a également
soutenu, en 1995, M. Jake Baker, étudiant du Michigan qui avait été
mis en prison pour avoir affiché sur internet des textes où il
décrivait ses fantasmes sexuels. David La Macchia, étudiant au
MIT qui s'était procuré illicitement des logiciels de jeu et de
publication assistée par ordinateur (PAO)encore inédits, doit
lui aussi son acquittement en décembre 1994 à l'action du EFF.
D'autres cas peuvent être cités, comme le soutien apporté
à Steve jackson ou encore à daniel Bernstein.
Mais le grand public retient surtout les actes de piratage
de personnalités isolées qui sont idôlatrées par
bon nombre de jeunes hackers. Comment ne pas évoquer la personnalité
de Kevin mitnick ? D'autres, moins connus, peuvent être également
évoqués. Leur âge est souvent souligné, leur précocité
les érigeant souvent au rang de génie. A titre d'exemple, nous
parlerons donc de Kevin Poulsen, connu pour ses prises de contrôle répétées
des lignes téléphoniques de la société Pacific Bell.
Ce dernier a, en outre, gagné une porsche à un concours radiophonique
en manipulant les lignes pour être sélectionné. Cela lui
a valu de purger une peine de 5 ans, peine la plus longue affligée à
un cracker aux Etats-Unis jusqu'à maintenant. Autre exemple, celui de
Sarah Flannery. Cette irlandaise de 16 ans a inventé au début
de l'année 1999 un nouvel algorithme de cryptage des données,
le code"Cayler purser".
Les hackers des années 90
cachent donc une réalité hautement disparate. Ce que nous retenons
sera surtout la querelle de légitimité entre une génération
des années 60 qui est dorénavant très souvent acquise à
la légalité et un groupe de jeunes des années 90 toujours
confiné dans la clandestinité. Le congrès Defcon, tenu
à Washington, et organisé par Dark Tangent témoigne du
désir de l'ancienne génération des hackers à s'inscrire
dans la légalité et à coopérer avec les autorités
(autorités d'ailleurs elles-mêmes de plus en plus intéressées
par ces activités informatiques souterraines. Voir les hackers et la
guerre du golfe). Autre témoignage de l'abandon des pratiques illégales
par les hackers "old school" : les propos tenus par Chris Goggan,
au moment où il décidait de quitter la scène hacker en
abandonnant la rédaction de son magazine Phrack, en septembre 1996 :
"je n'aime pas la plupart d'entre vous, les gars. La sub-culture des hackers
est devenue une caricature de son passé (...)La communauté a dégénéré.
C'est devenue une farce nourrie par les médias.".
LA CULTURE CYBERPUNK DES HACKERS
Les hackers ont leur propre culture, comme n'import quelle autre communauté (puisque nous pouvons considérer que les hackers forment une "communauté virtuelle"). Initialement, c'est plutôt la culture baba-cool ou hippie qui a imprégnée nos cyberpirates. Mais, c'est le mouvement cyberpunk qui a donné toutes ses lettres de noblesse à cette culture. Le mot "cyberpunk" renvoie à deux concepts : "cyber", tout d'abord, désigne la cybernétique (art de gouverner), et de là les NTIC; "punk", quant à lui, renvoie au mouvement de contre-culture qui porte son nom. Comment est-on passé du rejet pessimiste de toute technologie par les punks des années 70 à la conception libératrice des nouvelles technologies ?