Établie en 1952 par une directive secrète du président
Harry Truman, la NSA est chargée du contre-espionnage, de la protection
des communications gouvernementales et militaires, mais également d'espionnage:
elle est allée jusqu'à infiltrer la Commission spéciale
des Nations unies en Irak. Elle se consacre aussi à la recherche et au
développement tous azimuts. L'organigramme de l'agence montre que ses
services couvrent tout le champ des technologies de l'information militaire
et civile: cryptologie (des algorithmes mathématiques aux super-ordinateurs),
interception des signaux électromagnétiques, sécurité
des réseaux informatiques, satellites d'observation... jusqu'à
une énigmatique division «combat, nucléaire et espace».
L'agence est
la figure de proue d'un pacte de collecte d'informations entre les États-Unis
et les services de renseignements du Royaume-Uni, du Canada, de l'Australie
et de la Nouvelle-Zélande. Ce pacte, dénommé «Ukusa», date de 1947. Ses attributs sont montés en puissance
à partir des années 70 et 80, quand fut mis en place le réseau
«Échelon».
Les ordinateurs dans les stations autour du globe sont au courant, tout comme les Dictionnaires du système ECHELON, dans la limite du réseau. Les ordinateurs peuvent rechercher automatiquement à travers le trafic des mots-clés qui existent depuis au moins les années 70, mais le système ECHELON a été conçu par la NSA pour interconnecter tous ces ordinateurs et permettre aux stations de fonctionner comme composantes d'un tout intégré. La NSA et le GCSB sont liés par un accord anglo-américain sur les signaux de renseignements regroupant cinq pays. Les trois autres partenaires avec des noms également obscurs sont les Quartiers généraux des Communications du Gouvernement (GCHQ) en Grande-Bretagne, l'Établissement de la Sécurité des Communications (CSE) au Canada, et le Conseil d'administration de Signaux de Défense (DSD) en Australie.
L'alliance, qui a grandi grâce à des efforts de coopération à intercepter des transmissions radio pendant la Deuxième Guerre mondiale, a été organisée dans le cadre de l'accord anglo-américain en 1948 et était dirigée à l’origine contre l'URSS. Les cinq agences anglo-américaines sont aujourd'hui les plus grandes organisations de renseignements dans leurs pays respectifs. Avec le business mondial qui a lieu par fax, e-mail, et téléphone, l’espionnage de ces communications reçoit la plus grosse partie des ressources des renseignements. Pendant les décennies qui précédèrent l’introduction du système ECHELON, les alliés anglo-américains ont fait collection d’opérations de renseignements pour l'un et pour l'autre, mais chaque agence avait pour habitude de traiter et d’analyser les interceptions de ses propres stations.
Cet incroyable aspirateur à communications, baptisé
Échelon, est le fruit de la technologie mise au point par l'Ukusa Security
Agreement, un pacte de collaboration pour la collecte de Signal Intelligence
[renseignement électronique], conclu en 1948 et dont l'existence n'a
jamais été officiellement confirmée par ses participants.
"Le plus frappant, c'est que pendant toutes ces années aucun gouvernement,
dans aucun des cinq pays membres, n'a jamais rien dit ou admis à propos
de ce pacte" dit le chercheur Nicky Hager, auteur de Secret Power, un livre
publié en Nouvelle-Zélande qui rompt pour la première fois
le silence sur Ukusa et sur Échelon.
"L'ampleur de ce réseau
d'interception globale est le produit de décennies d'intense activité
d'espionnage antisoviétique, explique Hager. Ce réseau n'a pas
été mis en sommeil à la fin de la guerre froide. Au contraire,
il a été décidé de le moderniser en procédant
à la fermeture de nombreuses bases terrestres et en s'appuyant de plus
en plus sur les satellites, et de le réorienter vers de nouveaux objectifs
de nature non militaire, comme les systèmes de télécommunications
internationales."
Ce repositionnement est confirmé par le rapport des experts
européens. "A la différence des
autres systèmes d'espionnage électronique du pacte Ukusa, le programme
Échelon est orienté essentiellement contre des objectifs civils
: gouvernements, organisations, entreprises de presque tous les pays du monde." Les motifs stratégiques de ce
choix sont clairement exposés dans un mémorandum confidentiel
de la Maison-Blanche du 16 septembre 1994. "La fin de la guerre froide a dramatiquement changé
les priorités et les menaces vis-à-vis de notre sécurité
nationale. Outre les questions politiques et militaires traditionnelles, les
thèmes économiques suscitent une préoccupation et un intérêt
croissants.".